LOCALISATION

LOCALISATION

Le Château est situé au sud de la Provence Verte à l’extrémité orientale du plateau de l’Issole, sur la commune de Forcalqueiret. Perché à 435 mètres d’altitude, il domine d’environ 130 mètres la vallée et commande largement la plaine. Il trône majestueusement au cœur de la Provence dans son écrin de verdure. Implanté sur un promontoire du massif des Thèmes, ce « Géant de Provence » surveille l’arrière-pays entre la Sainte Baume à l’ouest, les massifs cristallins et les Préalpes au nord. Il a un regard au sud à travers le petit château sentinelle de Rocbaron avec lequel il communique à vue. Cet imposant édifice visible de toutes les communes limitrophes surplombe l’axe nord/sud qui relie Brignoles à Toulon par le col de la Bigue avant de rejoindre le littoral varois.

UN PEU

D'HISTOIRE

Mentionné pour la première fois en 1025 dans le cartulaire de l’Abbaye de Saint Victor de Marseille, le premier Castrum de Forcalqueiret a probablement été édifié vers l’an 1000 comme des milliers d’autres petits châteaux-forts en pierre à l’avènement du système féodal en Europe. C’est à cette époque en effet que s’implantent et apparaissent les grandes maisons provençales qui héritent de terres, de droits et de privilèges pour avoir notamment participé à l’ost provençal contre les sarrasins en 970. La seigneurie de Forcalqueiret fait partie intégrante d’un groupe de villages comprenant Rocbaron et Sainte Anastasie aux mains de vassaux de la famille des vicomtes de Marseille. Une grande partie de ces terres passent au cours des XIème et XIIème siècle à la puissante abbaye de Saint Victor, cédée au pouvoir temporel de l’Eglise par leurs anciens seigneurs pour le salut de leur âme. Le fief est reconstitué au début du XIIIème siècle par Geoffroi Reforciat.

Ce grand seigneur provençal est issu de cette lignée seigneuriale des Vicomtes de Marseille. C’est Béatrice, sa fille unique, qui par mariage en 1242 apporte le patrimoine de son père dans la puissante famille d’Agoult.

Pendant trois siècles et demi, sous les Reforciat puis les d’Agoult, les corps de logis et de pièces de service s’ajoutent les uns aux autres, couronnés en partie par un chemin de ronde. Les d’Agoult, originaire de Sault dans le Vaucluse et dont les domaines s’étendent de la Drôme à la Provence Orientale occupent au cours des XIVème et XVème siècles quelques-unes des plus hautes charges administratives du Comté de Provence. C’est très probablement au XVème siècle que la bâtisse prend son aspect imposant et définitif. Un chatelain (intendant) et sa famille administre la seigneurie pour les d’Agoult qui ne résident qu’occasionnellement au Castellas. Au XVIème siècle, la Provence se retrouve impliquée dans les guerres d’Italie que se livrent François Ier et Charles Quint. A l’été 1536, les troupes impériales espagnoles et savoyardes envahissent la Provence. Certains épisodes de cette campagne se déroulent sous les murs de Forcalqueiret. 

 

 

 

Quelques années plus tard, ce sont les guerres de religions qui déchirent le pays. Le château est dans les mains d’Hubert de Garde de Vins, époux de Marguerite d’Agoult et généralissime des armées de la Ligue en Provence. Chef de guerre acharné, il emménage au château avec sa famille et une garnison pour y diriger ses campagnes. Il y entreprend des travaux de défense en 1584. Accompagné de troupes armées il sème la mort à travers la Provence en assiégeant les villes et villages hébergeant des huguenots. Après sa mort en 1589, son fils, moins belliqueux, s’installe progressivement avec sa famille dans le château Renaissance, plus résidentiel et confortable de Vins-sur-Caramy en obtenant le titre de marquis de Vins en 1621.

 

 

 

C’est à partir de cette date que commence véritablement le déclin de la forteresse de Forcalqueiret qui coïncide également avec la politique de démantèlement des places-fortes ordonnés par Richelieu en 1626. Il semblerait que le castrum ait été abandonné au cours du XVIIème siècle, car les temps étant plus sûrs, les gens avaient commencé à s’installer un peu plus bas dans un premier temps, puis dans la plaine, près des cultures, là-même où s’étend le village actuel de Forcalqueiret. La baronnie de Forcalqueiret passe entre les mains de différents propriétaires aristocratiques jusqu’en 1875 puis de riches négociants par la suite. Les terres sont vendues par parcelles ; le site est utilisé par certains propriétaires comme carrière de pierre.  En 1978, Mr Borg cède la colline du Castellas à la commune pour le franc symbolique.

 

DESCRIPTION DE L'ENSEMBLE

CASTRAL

Forcalqueiret, le Castellas et les fortifications d’agglomération. Planche schématique d’après le plan cadastral. E. Sauze, 1992.

La butte sur laquelle est installée le Castellas couvre une superficie d’environ deux hectares, cernée sur toute sa périphérie par une barre rocheuse. La partie haute du plateau, au Nord, porte la demeure seigneuriale. Le village s’étend plus bas sur la pente Sud-Ouest. Il est contenu à l’intérieur de remparts qui suivent le contour de la barre rocheuse. Un profond fossé entourant le château complète le dispositif au Nord et à l’Est.
Le village de Forcalqueiret, initialement attenant au château a glissé par étapes vers le nord le long de la butte, pour se fixer au bord de l’Issole le long de l’axe Brignoles-Toulon au cours du XVIIIème siècle.

 

Le château de Forcalqueiret, tel qu’il existe aujourd’hui, est, pour ses constructions les plus anciennes l’œuvre de Geoffroy Réforciat au XIIIème siècle. Sur l’emplacement du castrum primitif, il fait construire les corps de bâtiment Nord et Est (3-4-5-6). Les d’Agoult modifient l’existant et ajoutent les bâtiments Ouest et Sud (7-9-10-11-12) au cours des XIVème et XVème siècles. Conçu plus comme une unité résidentielle que comme un ouvrage militaire, il ne comporte pas de donjon et les seuls dispositifs de défense sont sa position naturelle et le fossé qui l’entoure.

 

les ruines du château de Forcalqueiret sont composées de six corps de bâtiment disposés autour d’une cour, dont deux ont conservé leur couvrement (berceaux en plein-cintre) et les autres la majeure partie de leurs élévations ; ensemble architectural de très grande qualité, bâti en pierre de taille et moellons assisés, de plan complexe développé sur 5 niveaux (soubassement, rez-de-chaussée, 2 étages carrés et comble) ; nombreux détails d’aménagement extérieur (chéneaux d’alimentation de la citerne, crochets de suspension des auvents) et intérieur (latrines, éviers, cheminées).

Immédiatement en contrebas vers l’est se trouvent les ruines de l’église, encore en partie enfouies sous 2 à 3 m de décombres. En contrebas vers le sud, tout le reste de l’aire est couvert des ruines du village, ensemble assez informe d’éboulis d’où émergent quelques pans de murs parementés en moellons assisés et les contours de la rue principale. Autour du village, les ruines de l’enceinte fortifiée délimitent le périmètre : courtine percée d’archères en fente courte, porte unique ornée de bossages et précédée d’une barbacane. Autour du village et du château, un grand fossé de 20 à 30 m de large, partiellement comblé par les éboulis complète le dispositif défensif.

Forcalqueiret, Plan de la demeure seigneuriale. Ada Acovitsioti-Hameau. Le Castellas de Forcalqueiret – supplément n°3 au Cahier de l’ASER – 1993

Photo : Les héritiers du Castellas (mars 2021). Vue sur le château à partir du village après la campagne de débroussaillage municipal.

CAMPAGNES DE FOUILLES ET

DE RESTAURATION

CAMPAGNES DE FOUILLES ET

DE RESTAURATION

Le site, inscrit en 1966 à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques a fait l’objet de fouilles partielles en 1980 et 1981 (par le professeur Eric Carlson de New-York). A partir de 1987, une association (A.S.E.R.) a entrepris de mener de front la restauration, les campagnes de fouilles et les études archivistiques. Le matériel restitué est très abondant et varié (céramique, objets en bois, en os, en métal, monnaies, armes). En 1989, le service régional de l’Inventaire a consacré au château et au village une étude approfondie, accompagnée de relevés et de photographies (Par Mme la conservatrice du patrimoine Elisabeth Sauze). En 1998 une campagne de restauration, a été consacrée au bâtiment Sud qui menaçait de s’effondrer (par l’architecte des Bâtiments de France M. Fahrner). Depuis ces années aucunes actions de maintenance ou de restauration n’a été conduite et l’ouvrage s’est fortement dégradé. Les ruines de l’église attenante au bâtiment Sud se sont intégralement écroulées en 2014, privant aujourd’hui le site de l’un de ses plus beaux vestiges. Le château est interdit d’accès par arrêté municipal. Les travaux d’urgence pour la cristallisation du bâti et la mise en sécurité du site sont prévus débutés en 2022 après le lancement d’une campagne d’étude qui a démarré en septembre 2018, menée par une équipe pluridisciplinaire sous la maîtrise d’un Architecte du Patrimoine (Mr Matenti). L’implication à moyen et long terme de tous les partenaires publics et privés autour du Castellas et de son village fortifié est de nature à aller bien au-delà d’une simple sécurisation pour redonner à ce site d’exception la splendeur patrimoniale qu’il mérite.

François Hesse (Mars 2021)

Les héritiers du Castellas

Photo ASER mars 2021..

NB :

Cette rubrique a été aimablement relue par Mr Philippe Hameau et Mme Acovitsioti-Hameau, responsables des chantiers de fouilles de l’ASER du centre Var (Association Sauvegarde Etudes Recherches), auteur d’un article sur le château de Forcalqueiret paru dans la revue Archeologia 273 (novembre 1991- pages 34 à 41) et des publications des cahiers de l’ASER dont les n°1 à 10 sont téléchargeables sur le site internet de l’Association. Les résultats de dix années de fouilles sont maintenant visibles dans la salle Respelido de la mairie de Forcalqueiret grâce aux vitrines et panneaux mis en place par l’ASER et la municipalité présentant les travaux de l’association et exposant les plus belles pièces mises à jour.

BIBLIOGRAPHIE

ASER

  • ‘A.Acovitsioti-Hameau, H.Vigarié et R.Lesch, 1989, Le matériel de la citerne castrale (Forcalqueiret, Var), Cahier de l’ASER n°6, pp. 21-40
  • R.Lesch, 1989, Notes sur le décor imprimé à l’aide de matrices tubulaires, Cahier de l’ASER n°6, pp.41-44
  • ‘A.Acovitsioti-Hameau et H.Vigarié, 1991, Le Castellas Médiéval de Forcalqueiret, Archéologia n°273, pp.34-41
  • ‘A.Acovitsioti-Hameau, R.Lesch et H.Vigarié (et coll.), 1993, Le Castellas de Forcalqueiret, Supplément n°3 au Cahier de l’ASER, 32 p.
  • R.Biancotti, 1995, Deux ensembles monétaires pour connaître l’histoire de Forcalqueiret, Cahier de l’ASER n°9, pp.43-47
  • ‘A.Acovitsioti-Hameau et R.Lesch 1997 Le Castellas de Forcalqueiret : le mobilier post-médiéval, Archeologia Postmedievale, tome I, pp.377-386
  • ‘A.Acovitsioti-Hameau et A.C.Pahin-Peytavy, 1997, Le massif oriental du Castellas de Forcalqueiret : implantation et transformations, Cahier de l’ASER n°10, pp.21-30
  • J.-J. Blanc, 1997, Les pierres du Château de Forcalqueiret, analyse pétrographique des matériaux de construction, Cahier de l’ASER n°10, pp.33-36
  • R.Grapinet, 1997, La couleuvrine du Castellas de Forcalqueiret, Cahier de l’ASER n°10, pp.45-48
  • Ph.Hameau, 1997, Occupation préhistorique et antique au CastellasCahier de l’ASER n°10, pp.45-48
  • Ph.Hameau, 1997, Gravures schématiques linéaires dans une salle du Castellas de ForcalqueiretCahier de l’ASER n°10, pp.49-50

BIBLIOGRAPHIE

COMPLÉMENTAIRE

BIBLIOGRAPHIE

COMPLÉMENTAIRE

  • Sauze Élisabeth, le château de Forcalqueiret, Congrès Archéologique de France, 106° session 2002 Var
  • SAUZE ELISABETH, la vie de château en Provence au Moyen-Age (Etudes de huit inventaires de succession (1358-1515) – Bulletin de l’association d’Etudes Vaudoises, 1985- pages 21 à 55.
  • Grimaud Pierre, Le Château-Fort de Forcalqueiret (Var), Annales de la S.S.N.A.T.V. n°27, 1975-pages 52 à 56